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Histoire du Blason : l'éclairage de Stéphane Dubois, Directeur de recherche et Sémiologue

Le blason est un langage

Le blason Ă©tait une manie hĂ©raldique du Moyen Âge, quelque peu passĂ©e d’ñge depuis, sans avoir totalement disparue, surtout en ayant trouvĂ© de nouveaux attributs. C’est que le blason Ă©tait ancrĂ© dans un imaginaire aristocratique et chrĂ©tien, quelque peu dĂ©suet depuis le 19e siĂšcle. Pourtant, contrairement aux idĂ©es reçues, les armoiries n’ont jamais Ă©tĂ© rĂ©servĂ©es Ă  la noblesse. Le blason est constituĂ© d’emblĂšmes et de signes qui peuvent ĂȘtre politiques, signifier des liens de parentĂ©, spĂ©cifier un fait historique, regrouper une profession, fĂ©dĂ©rer un territoire. Ouvriers, artisans, bourgeois, chevaliers ou collectivitĂ©s, chaque communautĂ© pouvait avoir son blason et porter fiĂšrement ses couleurs. Parce que le blason est avant tout un langage symbolique et le signe de ralliement d’une communautĂ©.

Le blason est un attribut structurel de la communauté

Ce qui fait communautĂ© sont Ă  la fois les liens qui s’y perpĂ©tuent, mais Ă©galement les signes partagĂ©s. Le blason constitue un de ces Ă©lĂ©ments de structuration des communautĂ©s, Ă  l’instar des rites et rituels, des fĂȘtes et consĂ©crations, des devises ou des noms. Le blason est un Ă©lĂ©ment d’image et de reprĂ©sentation, comme point de rassemblement et d’union. En cela, c’est un signe intĂ©rieur et extĂ©rieur d’appartenance, un signe Ă  la fois d’inclusion et d’exclusion. C’est quelque chose qui nous dĂ©finit, intrinsĂšquement et par rapport aux autres. C’est quelque chose qui dĂ©passe l’individu pour dĂ©finir un groupe.

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" Un blason est fait pour ĂȘtre reconnu, identifiĂ©, parce qu’il est Ă©lĂ©ment de lien et de fiertĂ©. "

Le blason est source de significations secrĂštes

Aucun des Ă©lĂ©ments du blason n’est choisi au hasard. Chaque couleur, chaque reprĂ©sentation, chaque ligne fait sens. Comme l’a longuement Ă©tudiĂ© et partagĂ© l’historien Michel Pastoureau, le choix des emblĂšmes demande Ă  ĂȘtre Ă©clairci. Choisir un aigle plutĂŽt qu’un dragon, telle ou telle teinte de bleu, tel motif ou telle rayure, ne sont pas des dĂ©cisions dĂ©coratives, mais des signes d’identitĂ© et des codes cachĂ©s. Une sorte d’ex libris dĂ©volue Ă  ĂȘtre vu de tous, mais compris de peu. Car le blason se doit de dĂ©gager une dose de mystĂšre. Seules les membres de la communautĂ© peuvent y dĂ©crypter totalement le sens. Qui mĂȘme en est l’auteur et connaĂźt ses motivations ? C’est en cela une source de jeu, d’énigme, de fiction et de reprĂ©sentation puissante.

Le blason est unique et immuable

Signe d’appartenance et de distinction, le blason se doit d’ĂȘtre unique. S’ils se ressemblent dans la forme, il n’y en a pas deux pareils. Un blason est fait pour ĂȘtre reconnu, identifiĂ©, parce qu’il est Ă©lĂ©ment de lien et de fiertĂ©. C’est aussi un signe qui traverse le temps et les Ăąges. A l’inverse des logos contemporains qui y sont souvent associĂ©s, le blason ne subit pas l’érosion du temps et le diktat de la mode ou de la tendance. Parce qu’en changer un attribut reviendrait Ă  en changer le sens. Parce que le blason retrace une histoire, comme un hĂ©ritage ancrĂ© dans la rĂ©alitĂ©.